- J'ai déjà tué bien des hommes", répond Albert avec indifférence.
L'avocat général sursaute. Le juré le plus rapproché de la porte cesse de se ronger les ongles :
"Qu'avez-vous dit ?" demande le président, suffoqué.
Je lance vivement : "Pendant la guerre.
- Ce n'est pas du tout la même chose", fait l'avocat général déçu.
Alors Albert lève la tête : "Comment n'est-ce pas du tout la même chose ?"
L'avocat général se lève : "Oseriez-vous faire la moindre comparaison entre votre acte et le combat pour la patrie ?
- Non, répond Albert, les gens que j'ai tués à cette époque ne m'avaient rien fait..."
Ce qui reste de la deuxième section est affalé en arrière des lignes, dans un bout de tranchée qu'a ravagé le bombardement. Torpeur...
La Première Guerre mondiale
Après
Et c’est là que réside le deuxième intérêt pour les romans d’Erich Maria Remarque. Il y a un style d’écriture incomparable qui me charme à chaque fois. Pourtant, je ne saurai le décrire avec exactitude, dire ce qui me plaît mais, une chose est sûre, c’est que c’est vraiment agréable à lire. Aucun ennui, chaque mot étant parfaitement à sa place, comme s’il était choisi avec soin pour faire le plus d’effets… Il y a un certain décalage entre le style recherché mais loin d’être pompeux de l’auteur et le phrasé très oral voire familier des personnages. Pourtant, cela est loin d’être gênant. Une fois plongée dans ce roman, il est quasiment impossible de le lâcher.