Uncle Dolf is none other than Adolf Hitler.
Nobody had the power to make someone else vanish into smoke, leaving behind no trace that he had lived.
Lecture commune
Un roman historique
Il y a définitivement une ambiance pesante, sombre et, quelque part, malsaine. Par exemple, quand Geli déclare à Gretchen que son oncle la regarde tout le temps, quelque chose dans cette déclaration m’a mise vraiment mal à l’aise. Ce sentiment s’est trouvé confirmé par la suite et ne m’a pas lâché tout au long de ma lecture. J’avais même l’impression d’étouffer, parfois. La jeune narratrice est tout le temps épié, ses moindres faits et gestes sont dictés par l’envie, au début, de plaire au parti et notamment à l’oncle Dolf, puis par un certain instinct de survie. Les seuls moments où le lecteur, tout comme le personnage principal d’ailleurs, se sent libéré de toute pression, de toute peur, c’est quand Gretchen est avec Daniel.
Beaucoup de mensonges et de mystères viennent ponctuer le roman, renforçant l’ambiance noire du roman. Dès le début, nous savons que la mort du père de Gretchen qui est présenté comme un acte d’héroïsme est un mensonge. Toute la question est de savoir qui l’a tué et pourquoi. Si le roman n’est pas forcément uniquement dans l’action, bien que les dernières pages soient plutôt explosives, haletantes et pleines de rebondissements, l’auteur a tout de même su aménager un suspense qui m’a tenu en haleine du début à la fin. Prisoner of night and fog m’a captivé, happé dès les premiers instants et j’avais du mal à le laisser de côté. Toutes mes pensées étaient tournées vers lui et, même maintenant que je l’ai refermé, je ne cesse d’y penser. Il y a quelque chose de tout de même fascinant dans ce roman. Je ne sais pas si c’est la manière de nous présenter les faits, comme si nous sommes pleinement acteurs de l’intrigue et non simple spectateur, le fait qu’Anne Blankman nous plonge dans l’intimité du plus terrible des dictateurs…
Une psychologie des personnages très développée
Loin d’alourdir le roman, cet aspect se révèle être un des points les plus passionnants de l’ouvrage. Les explications ne viennent jamais alourdir l’intrigue et l’action, bien au contraire. Elles sont données toujours au bon moment, renforçant tel ou tel sentiment. Tout au long du livre, j’ai vraiment craint pour la vie de Gretchen. C’est un personnage auquel on ne peut que s’attacher et qui a une véritable évolution. Au début, elle adhère totalement aux idées du parti National Socialiste. Puis, petit à petit, au contact de Daniel, elle commence à se faire sa propre idée. L’auteur l’a fait évoluer, tout comme l’histoire d’amour, progressivement, de manière naturelle. Rien n’est abrupt. Dans ce premier tome, Anne Blankman démontre qu’elle a un talent fou pour construire une intrigue, raconter une histoire. Tout est si bien pensé, si bien écrit.
Par ailleurs, j’ai pris quelques bonnes claques à la lecture de ce roman. L’auteur place quelques petites phrases « chocs » dans l’intrigue. En effet, si nous savons ce qui va se passer par la suite, ce n’est pas le cas des personnages principaux et notamment Gretchen et Daniel qui ne font que des suppositions. Encore, je ne suis pas sûre qu’ils puissent imaginer que cela fut dans de telles proportions. Quelques réflexions de la jeune fille font un écho d’autant plus terrible. C’est le cas, par exemple, quand elle se dit que « Nobody had the power to make someone else vanish into smoke, leaving behind no trace that he had lived ». Cette phrase a quelque chose de terrible quand nous savons que cela va être le cas quelques années après. Il y a aussi le moment terrible où, juste avec une seule phrase, le lecteur comprend le choix du titre, « All of them, gone swept away by the night and the fog, as if they had never been ».
Le roman ne se termine pas forcément sur un énorme cliffhanger. Cependant, comme il m’a captivé, charmé, hypnotisé, j’ai d’autant plus envie de connaître la suite. Malheureusement, il va falloir que je me montre patiente car il ne sortira pas avant un an. Par ailleurs, à la fin, l’auteur donne toutes ses sources, explique ses choix et c’est vraiment très intéressant à lire, d’en apprendre un peu plus sur l’inspiration de l’auteur.